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Risque chimique : invisible et pourtant bien là !

Risques chimiques

Un salarié sur trois est exposé au risque chimique au travail. Pour mieux comprendre comment agit cette exposition et mettre en place des actions de prévention, l’AIPALS a lancé à la rentrée un dispositif spécialement conçu pour les petites entreprises.

Votre entreprise utilise des colles, des solvants, des produits de nettoyage et, dans le cadre de son activité, elle produit des poussières, des fumées ? Alors, comme d’autres, elle est exposée aux risques chimiques. Pourtant nombre de dirigeants et de salariés n’en ont pas forcément conscience, voire ne savent pas comment s’y prendre pour les prévenir… 

Partant de ce constat, l’AIPALS a décidé de prendre le sujet à bras le corps, en inscrivant la prévention des risques chimiques dans son projet de service 2019-2021. C’était bien avant l’affaire Lubrizol, dont l’incendie fin septembre a démontré que la prévention du risque chimique ne doit pas rester un vœu pieu.

Le constat est simple : les petites entreprises sont confrontées à des difficultés de prise en charge « du fait du manque de compétences et de temps ». Voilà pourquoi l’AIPALS a mis sur pied le projet « Accompagner les TPE dans le risque chimique » pour développer une méthode et des outils novateurs pour un accompagnement de proximité et pluriannuel.

En s’en emparant, les petites entreprises ont tout à gagner. « Elles n’ont pas les structures et elles n’ont souvent pas les moyens de prendre en compte ces risques chimiques », souligne Pascale Rio-Lemar, la toxicologue de l’AIPALS en charge de piloter ce projet.

Le dispositif permet d’identifier l’étendue des risques et aide à élaborer un plan de mesures adapté. 

Aucun secteur épargné

Si pour certaines entreprises, la prise en compte de ces risques chimiques est bien intégrée, elle est en revanche trop souvent sous-estimée, voire ignorée, dans d’autres. L’AIPALS compte donc, au travers de son dispositif, sensibiliser le plus grand nombre de TPE et de petites entreprises. Il faut le rappeler : peu d’entreprises sont à l’abri.

Le risque chimique impacte quasiment toutes les activités et tous les secteurs :

  • les prothésistes comme les imprimeurs ;
  • les entreprises de métallerie,
  • les menuiseries,
  • les laboratoires d’analyses ou de cosmétique comme les entreprises de traitement de déchets…

Déclencher une prise de conscience, c’est la toute première priorité. Ce d’autant plus que le risque chimique est toujours présent en dépit d’un empilement de mesures règlementaires destinées à l’encadrer, à l’exemple de REACH, une procédure instaurée par l’Union européenne pour mieux protéger la santé humaine et l’environnement contre les substances chimiques. un risque à effet différé… La dernière enquête SUMER, publiée en 2017, en faisait d’ailleurs la démonstration.

En France, « l’exposition à au moins un produit chimique concerne toujours 32,2% des salariés, soit à peine moins qu’au début des années quatre-vingt-dix », alertait-elle.

En outre, 10% des salariés, soit 1,8 million de personnes, sont encore aujourd’hui exposés, dans l’exercice de leur métier, à au moins un produit cancérogène. 

« le risque chimique représenterait près de 30 % des maladies professionnelles reconnues. »

En cas de contact continu ou répété, les poussières produites par la coupe, le ponçage ou le meulage de bois comme de métal menacent la santé autant que les émissions toxiques, provenant d’opérations de soudage ou d’utilisation de résines.

Reste que l’accidentologie est difficile à quantifier.

Motif : s’il se manifeste parfois au travers d’effets immédiats tels qu’une irritation, des brûlures ou une intoxication, le risque chimique a un effet différé qui le rend plus difficile à mettre en cause. Il serait pourtant à l’origine de « près de 30% des maladies professionnelles reconnues en Europe », évalue l’INRS, l’organisme de référence dans le domaine de la santé au travail.

Sur le plan de la santé des travailleurs, les enjeux sont donc énormes. D’où le dispositif de l’AIPALS.

Le 25 septembre dernier, une première réunion a été organisée avec des TPE et des petites entreprises, à la fois pour dresser un premier état des difficultés qu’elles rencontrent et évaluer leurs besoins. 

Dirigeant de la Carrosserie GUIGNARD (3 salariés, Montpellier), Mathieu Sarès est ressorti convaincu de cette rencontre. « Dans une carrosserie, à force de manipuler des produits chimiques, on finit par ne plus voir les risques. De fait, quand on ouvre un pot de mastic, on ne sait pas à quel point cela peut être dangereux. Comme je suis un jeune patron et que je me préoccupe de la santé de mes salariés, j’ai besoin d’être aiguillé », admet-il.

Priorité n° 1 prendre conscience

C’est que le dirigeant de TPE ou d’une petite entreprise doit être polycompétent. Il est au four et au moulin. C’est une vraie difficulté, dont il faut tenir compte. La réunion était, de ce fait, fructueuse. « Nous avons toujours le nez dans le guidon », commente Youcef Sebbak, le président du laboratoire montpelliérain LUX CERAM, spécialisé dans les prothèses dentaires. « Cette réunion a, du coup, permis de nous poser et de faire le point sur nos préoccupations. C’est du gagnant-gagnant : nous aidons l’AIPALS à mieux comprendre les besoins de nos différentes professions. En contrepartie, elle nous donne de bons conseils et nous aide dans la mise en place d’outils concrets, opérationnels et pas trop coûteux. »

« Sur les émissions de poussières, les moyens de protection et le nettoyage, nous avons besoin d’être accompagnés. »

Freddy CHARDÈS, chef d’entreprise

Même écho du côté de Freddy Chardès, le dirigeant d’ATELIER MÉTAL (4 à 6 pers., Lansargues) qui était également présent à la réunion. « Quand on soude, nous savons que nous devons nous protéger en utilisant des masques.

Mais la poussière ambiante, comment s’en préserver ? Idem pour le nettoyage : quel type de masque mettre ? Nous avons besoin d’être accompagnés sur toutes ces questions », dit-il. Cette première réunion avec les entreprises a confirmé l’utilité d’accompagner les TPE dans le risque chimique. L’AIPALS prépare de nouvelles actions. Un dossier à suivre !

32,2%

c’est la part de salariés exposés, en France, à au moins un produit chimique., soit près d’un salarié sur trois.

1,8 millions

c’est le nombre de salariés exposés à au moins un agent chimique cancérogène.

30%

c’est la part des maladies professionnelles liées à une exposition prolongée aux risques chimiques en Europe. Les poussières de bois représentent la 2e cause de cancers liés au travail.