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Manutentions : on vous prête main forte !

Manutention

Les «troubles musculo-squelettiques» (TMS) sont la première cause de maladie professionnelle et de très loin… Ils pèsent lourdement sur la performance de l’entreprise. Pourtant de nombreuses solutions existent !

« Le sujet est évoqué à quasiment toutes mes visites médicales. Il est rare de voir un salarié qui n’ait pas mal au dos, à l’épaule, au poignet ou des fourmis dans les bras », raconte le Dr Maria-Dolores Gonzalez, médecin du travail à l’AIPALS.

Lombalgies, cervicalgies, syndrome du canal carpien ou de la coiffe du rotateur font partie du lot commun des maladies. Il faut dire que ce que l’on nomme les « troubles musculo-squelettiques » (TMS) représentent près de 90% des maladies professionnelles ! 

Le lien avec le travail est clairement établi. Mais le risque est plus complexe qu’il n’y paraît. Il y a les causes évidentes : les mouvements de forces (pousser, tirer, hisser, tracter), la répétition fréquente du même geste, le travail en position statique, et bien sûr les mauvaises postures, les vibrations ou les chocs mécaniques. 

« L’environnement peut aussi être un facteur aggravant comme le froid ou un éclairage inadapté à l’activité », précise l’ergonome de l’AIPALS, Vincente Vassallo. « Tout doit être pris en compte. Je pense à l’organisation, la gestion des flux, le rythme de travail, les horaires, les délais de réalisation, etc. Mais je cherche aussi à savoir si le salarié s’épanouit dans son travail, s’il se sent reconnu. Cela a également de l’importance. » 

Car les conséquences ont un impact tant pour le salarié, qui va souffrir et devoir s’arrêter au moins momentanément, que pour l’employeur qui doit faire face à des absences et peut-être même à une inaptitude. Les arrêts de travail engendrés par les TMS correspondent à plus de 31 millions de journées de travail perdues. De très nombreux secteurs sont concernés (transport, logistique, commerce), mais le premier est celui de la santé et notamment l’aide à domicile. 

Pourtant des solutions existent. « Il n’y a pas de fatalisme en la matière. On peut tout le temps faire quelque chose ! », insiste le Dr Maria-Dolores Gonzalez. « Cela va de conseils sur l’hygiène de vie, via notamment une activité physique adaptée, aux études de poste réalisées par notre ergonome, en passant par le changement d’un matériel, l’achat de machines d’aide à la manutention ou des formations sur les gestes et postures. »

31 millions de journées de travail perdues

« L’effort fait partie du travail, pas la douleur ! les postures contraignantes peuvent être évitées et la meilleure solution, c’est la prévention. »

C’est ainsi qu’à Vailhauquès, au pied du pic Saint-Loup (nord de Montpellier), l’entreprise Ambulance Concorde, spécialisée dans le transport de personnes obèses, a investi dans du matériel spécifique pour soulager ses 22 ambulanciers. « Tous les jours nous devons fournir des efforts physiques », explique sa dirigeante, Martine Campagnet. « Nous avons acheté une chaise motorisée. Grâce à elle, une seule personne est capable de déplacer un patient de 200 kg et plus, de lui faire monter ou descendre les étages par les escaliers sans effort.

Nous avons aussi fait l’acquisition, avec l’aide de la CARSAT d’un brancard motorisé qui s’adapte à la hauteur, d’un seul appui sur un bouton. À l’arrivée dans l’ambulance, un bras de levage motorisé prend en charge ce brancard avec le patient. »

À chaque étape, l’AIPALS a aidé au choix du matériel

La chef d’entreprise veille aussi à organiser une rotation dans ses équipes afin de soulager les corps et les esprits. « Je n’ai pas des employés qui sont du genre à se plaindre. Mais je vois bien les efforts fournis. Alors, parfois je les affecte à la régulation ou à la conduite pour les économiser. Et puis, cela relance aussi leur intérêt pour le travail et développe leur polyvalence. »

Car la meilleure arme reste la prévention ! Cela passe par des ateliers de prévention, comme celui de l’AIPALS sur les bons gestes et les bonnes postures à adopter. Mais il existe aussi le dispositif PRAP (Prévention des Risques liés à l’Activité Physique) qui forme pendant plusieurs jours. 

À Montpellier, dans l’entreprise adaptée APF Entreprises 34, une sensibilisation « gestes et postures » est obligatoire pour tous les salariés, avec des piqûres de rappel régulières et une information spécifique dispensée à tous les nouveaux arrivants. « Le mot « adapter » fait partie de notre ADN », confie Céline Sauzeau, sa responsable QSE. « Il est hors de question que nos salariés, qui présentent déjà un handicap, puissent être abîmés par le travail ! » 

APF Entreprises 34 qui démantèle, notamment, des déchets électroniques et électriques et remanufacture des cartouches toner, a comme principe de réfléchir en amont à l’organisation de ses ateliers. « Nous le faisons avant même l’implantation de nos lignes de production », explique Arnaud Compan, technicien QSE. « Nous étudions les flux de production, le port de charges, les hauteurs, l’accessibilité, la lumière, etc. Nous sommes en train de le faire pour notre activité de montage/câblage afin de répondre à une nouvelle commande sur la fabrication de poste à braser (Bulane) et de télescope connecté (Vaonis). »

Sachant qu’au final, tous les deux l’assurent, l’entreprise a gagné en qualité de vie au travail, en performance et productivité, chiffres à l’appui. Par exemple, pour le démantèlement de compteurs électromécaniques ENEDIS, depuis la mise en place d’une machine sur-mesure, les volumes traités par jour ont doublé, alors que les ports de charge ont été divisés par deux et les gestes répétitifs par huit.

Les « troubles musculosquelettiques » représentent 87% des maladies professionnelles.

Depuis 2003, les TMS ont augmenté de 60%.

Les arrêts de travail engendrés représentent plus de 31 millions de journées de travail perdues.

La moitié des accidents du travail liés aux TMS donnent lieu à un arrêt maladie.

Le coût moyen (soins + indemnisations) d’un TMS est supérieur à 21 000 euros.

Le coût est estimé à 1 milliard d’euros de frais couverts par les cotisations entreprise.